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L'électricité électrocute
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L'électricité électrocute
9 décembre 2007

Le Monstrueux Mystère de la Morosité

Aujourd’hui, j’ai élucidé le monstrueux mystère de la morosité. Tout c’est fait dans la plus grande fluidité, et tout à commencé par une surprenante neige sur Montréal. Une de ces neiges à faire sacrer les automobilistes et remplir de prévoyances maternelles les journalistes. Une neige qui sent la morosité à plein nez, qui paralyse tout sur son passage. Une marée blanche qui s’acharne sur les acharnés de travail aux œillets fixés en permanence sur la tête. Des acharnés comme moi. Mon travail paralysé ce matin, je n’avais rien à foutre, et ça me faisait chier. J’aurais au moins pu pelleter, me rendre utile d’une certaine manière, si j’avais eu une pelle. Bref, j’avais toutes les raisons du monde d’être morose, ce matin, devant ma fenêtre qui me renvoyait les reflets du désespoir des automobilistes. Heureusement pour ma cause, j’habite face à une école primaire. Le fait est que c’est petits bouts d’humains m’ont appris quelque chose aujourd’hui. Je les regardais s’amuser dans la cours d’école quand je me suis aperçu que, comme toutes les autres écoles primaires de la province, la leur était assurément fermée. Mais que pouvaient-ils donc tous foutre là à se trémousser dans la gadoue? Il me vint en tête que c’était peut-être une école militaire, où les enfants sont forcés à aller à l’école même par jour de tempêtes (toute ma compassion à vous, Ô pauvres étudiants militaires de ce monde). Mais ce n’était pas cela, je m’en serais tout de même aperçu plus tôt. J’en vint donc à la conclusion évidente qu’ils s’étaient tout simplement rejoint au milieu de la paralysie générale pour… jouer. Pour JOUER. Mon Dieu… C’est là que j’ai compris. C’est là que je me suis rappelé. Comment peut-on être morose la journée de la première vraie neige? C’est complètement insensé. C’est obscène, même. Je me suis alors décollé de la fenêtre et je suis entré en trombe dans la chambre de mon coloc. - Men! Y’a un pied de neige partout! - Ah ouai…dit-il d’un ton retourne-donc-d’où-tu-viens-sale-vermine. - Amènes-toi dehors que je te pète la gueule. Et ainsi commença la fin de ma morosité. J’enfilai mes jeans… et me rappelai que j’avais aussi oublié la règle numéro un : on met pas de jeans quand on va jouer dans la neige, ça raidit. Alors j’ai cherché de vieux pantalons de neige dans le tiroir à vieux trucs (ce que c’est excitant quand on l’ouvre celui-là!). Puis j’ai sorti les Sorel et les ai mise. C’était comme enfiler une fille pour la première fois. Magique. J’ai mit trois couches de coton-ouatés, pour être sûr, et une vieille tuque tombant sur les yeux. Semble-t-il que l’enthousiasme avait traversée les langueurs matinales du coloc, dans le cadre de porte : - T’as même pas idée comment je vais te la pété, ta ptite gueule. Sortit du fort de son sommeil, il était prêt à en construire un en neige avec moi. Étape finale : le manteau et le foulard. Puis on sortit. Jambette dans la neige, coup de poing esquivé, face dans la poudre, prise de l’ours, roi de la montagne, le cul sur la glace, « même pas mal », coup de genou dans le ventre, vol plané, roulades infinis. Ils y sont tous passé. Je crois bien que je lui en ai flanqué toute une, mais évidemment, lui pense qu’il a gagné. Éternel débat hivernal. Puis on a fumé notre première clope de la journée dans le meilleur banc qui soit : un banc de neige. On avait les joues rouge de l’hiver, obscurcies par la barbe, mais bel et bien rouges. Ça sentait l’hiver, ça sentait la neige comme ça sent les fleurs au printemps. J’ai mangé la glace perlée sur mon foulard, puis celle sur mes gants (celle qui a toujours un goût plus étrange…) et on a décidé de pelleter. Avoir une pelle ou non n’avait plus d’importance. Plus grand chose n’avait d’importance, à vrai dire, parce qu’on jouait. Les panneaux latéraux d’un ordinateur ont fait l’affaire. On a fait avec ce qu’on avait, au diable la technoshit. Les voisins pelletaient la neige de leur entrée. Nous, on pelletait la ruelle pour tout mettre dans notre entrée. Ils sacraient après leur voiture qui ne voulait pas sortir de leur cour : mais laissez-là donc vivre, bande de sans cœur. On s’est fait une base d’espionnage des plus secrètes et quand les voisins enrageaient un peu trop, on les bombardaient de balles de neige pour les détendre, ce qui n’a malheureusement pas eu l’effet escompté. On a dû se réfugier en lieu plus sûr pour éviter une catastrophe naturelle. À l’intérieur, j’ai étendu mes gants et mes bottes sur le calorifère. Ils ont rôtis, parfumant l’appartement de l’odeur de l’hiver. Des fourmis se sont installés dans mes doigts, mes pommettes, mon nez et mes pieds. Et maintenant, j’écris en petite tenue, parce qu’il fait chaud après la neige et que je n’avais pas le temps d’attendre. Décidément, ma morosité est loin derrière. J’ai fait du bon travail aujourd’hui.
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Commentaires
M
Effectivement la neige est source d'inspiration et elle peut transformer un être sans qu'il s'en rende compte...tout de suite.<br /> La neige arrive à nouveau, nouvelle bataille de boules de neige en perspective?
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